Interview | Dominique Costagliola
Dominique Costagliola, experte en biostatistique, en épidémiologie, en santé publique et dans le domaine de l'évaluation du médicament, est directrice de recherche de classe exceptionnelle à l’INSERM. Elle dirige l'Institut Pierre Louis d'Epidémiologie et de Santé Publique, centre de recherches Sorbonne Universités INSERM-UPMC.
Elle étudie les paramètres cachés de l'infection à VIH (incidence, moment de la transmission mère-enfant, cascade, ...), la résistance aux antirétroviraux, les effets des traitements antirétroviraux, et la morbidité sévère SIDA et non SIDA, en particulier les cancers et les maladies cardiovasculaires chez les personnes vivant avec le VIH. Elle est notamment l'investigateur principal de la base de données hospitalière française sur l'infection à VIH (FHDH ANRS CO4) et a été responsable d’un des centres de méthodologie et de gestion des cohortes et essais cliniques de l’ANRS (Agence Nationale de Recherches sur le Sida et les hépatites virales) de 1992 à 2014.
L'ouverture du SNDS constitue-t-elle une avancée importante pour la recherche en santé publique ?
Réponse : L’ouverture du SNDS va considérablement élargir les possibilités d'études observationnelles sur la prise en charge des personnes malades et l'impact de cette prise en charge sur la santé des populations, à l'instar de ce qui se passe dans les pays nordiques. Dans ces pays cette possibilité d'accès aux données de santé existe depuis de nombreuses années, mais la taille des populations est bien plus petite.
Avez-vous des exemples concrets pour lesquels le SNDS est susceptible d'être d'un apport significatif ?
Réponse : L'enrichissement des données de cohorte, dans lesquelles on collecte les facteurs de risque et habitude de vie, par les données du SNDS permettra de documenter de façon fiable et exhaustive la morbidité sévère et l'exposition aux médicaments, limitant les biais et perdus de vue. On disposera de données plus complètes et plus fiables pour répondre aux questions de recherche. Ainsi, dans la base de données hospitalière française sur l'infection à VIH, que je coordonne, on pourra à termes disposer de données plus complètes pour travailler sur le risque de morbidités sévères (par exemple infarctus et cancers) chez les personnes vivant avec le VIH.
Sous quelles conditions la création du SNDS apportera un bénéfice pour la recherche ?
Réponse : Les procédures réglementaires devront être simples et avec un délai de réponse raisonnable, si possible prédéfini, pour éviter de donner l'avantage à nos compétiteurs étrangers.