Publications par thématique
Publications | Méthodologie et technique
Les données des certificats de décès en France : processus de production et principaux types d’analyse
G. Rey
Résumé
Les données de mortalité, par le peu d’ambiguïté de leur définition, leur compréhension par l’ensemble des acteurs, et l’exhaustivité de leur enregistrement, constituent une pierre angulaire de la statistique en santé publique en France et dans la plupart des pays industrialisés. Cet article décrit le processus de production des données et les principaux types d’analyses possibles. La production des données se décompose en différentes étapes : la certification par le médecin sur support papier ou électronique (à l’aide d’une application web), la transmission des données à l’Inserm, la saisie et le codage de l’information. Le codage de l’information vise à suivre les recommandations de l’OMS formulées dans la Classification internationale des maladies ([CIM], 10e révision utilisée depuis 2000). Il est effectué à l’aide d’un logiciel de codage automatique, nommé Iris, développé au sein d’un consortium international. Le codage consiste en premier lieu à attribuer un code de la CIM à toutes les entités nosologiques rencontrées sur le certificat, puis à choisir la cause initiale de décès. Cette dernière est la principale information utilisée pour les exploitations statistiques. Trois principaux types d’analyses se dégagent dans la littérature : l’exploitation des données présentes sur le certificat de décès uniquement, les analyses écologiques (études d’associations entre des variables mesurées à l’échelle de groupes) et les analyses à partir de données chaînées individuellement à d’autres bases de données. Ces différentes analyses permettent de traiter de nombreuses problématiques en santé publique. Plusieurs évolutions dans le processus de production sont en cours de mise en œuvre : le déploiement de la certification électronique, l’automatisation accrue du traitement de l’information contenue sur les certificats et le chaînage pérenne et complet de l’information avec les données de l’assurance maladie et d’hospitalisation. Elles pourraient prochainement élargir encore le champ des exploitations possibles des données de causes de décès.
L'accès aux données massives de santé
O. Grimaud
N. Le Meur
E. Oger
G. Rey
Résumé
La notion de données massives ou big data fait réfèrence à l'augmentation des données numériques générées par des sources multiples. Elles se caractérisent par un volume important, la variété de leurs sources et la vitesse à laquelle elles sont générées. Dans le domaine de la santé, ces données représentent un potentiel d'analyse important dans le champ de la recherche et de l'évaluation en santé publique.
L'essor des modèles prédictifs dans les systèmes de santé internationaux
DREES
Abstract
Aux côtés des modèles qui s’appuient notamment sur le génome pour essayer de prévoir la survenue de pathologies précises chez un individu, des modèles prédictifs d’événements relatifs au système de soins, tels que l’hospitalisation non programmée ou l’entrée dans un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, se développent depuis une décennie au niveau international. Dans ces modèles, un score de risque est associé à chaque individu. Ce score décrit la probabilité que l’événement modélisé ait lieu. Cette information permet ensuite au système de santé de réagir en mettant en place les actions nécessaires pour retarder ou éviter sa survenue. En favorisant l’identification d’individus comparables en matière de risque de santé, elle est aussi précieuse pour évaluer les organisations de soins et de services. Un usage des modèles prédictifs de coûts pour allouer des ressources aux assureurs et aux organisations des soins s’est également développé, notamment au Royaume-Uni et aux États-Unis.
Publications | Médico-économique et sociale
Consommations de soins des bénéficiaires de la CMUC ou de l’ACS
P. Tuppin
S. Samson
N. Colinot
C. Gastaldi-Menager
A. Fagot-Campagna
C. Gissot
Résumé
Position du problème :
L’objectif était de comparer la consommation de soins des assurés ayant bénéficié d’un des deux dispositifs d’assurance santé disponibles pour les assurés avec de faibles ressources (CMUC, couverture maladie universelle complémentaire, et pour ceux au-dessus du plafond l’ACS, aide pour une complémentaire santé), entre eux et aux assurés sans dispositifs. Méthodes. – A partir du Système national d’information inter-régimes de l’Assurance maladie (Sniiram), les assurées du régime général (<60 ans) avec une ouverture de droits en 2012 ont été sélectionnés. Les pathologies ont été identifiées par des algorithmes incluant les affections de longue durée, les diagnostics hospitaliers ou des médicaments. Les groupes homogènes en hôpital de court séjour ont été rassemblés en domaines d’activité/ Des risques relatifs (RR) standardisés pour le sexe et l’âge ont été calculés.
Résultats :
Le nombre de bénéficiaires de la CMUC était de 4,4 millions (9,6 %) et de 732 000 (1,6 %) pour l’ACS (pourcentage de femmes : 56 % et 54 %, âge moyen 24 ans et 29 ans ; chez les autres assurés 52 % et 30 ans). Les assurés avec une CMUC ou l’ACS avaient plus souvent une maladie cardiovasculaire (RR = 1,4 et 2,1 respectivement) ou un diabète (RR = 2,2 ; 2,4). Leurs taux d’hospitalisation standardisés étaient significativement plus élevés (18 % ; 17 %, RR = 1,3 ; 1,4), particulièrement pour les domaines « toxicologie, intoxications, alcool » (RR = 3,8 ; 4,0), psychiatrie (RR = 2,8 ; 4,1), pneumologie (RR = 1,9 ; 2,3) et maladies infectieuses (RR = 1,9 ; 2,7). Par rapport aux bénéficiaires de la CMUC, ceux de l’ACS avaient plus fréquemment un cancer (RR = 1,5), une maladie cardiovasculaire (RR = 1,5), neurologique ou dégénérative (RR = 2,7), psychiatrique (RR = 2,6), métabolique héréditaire (RR = 1,9), ou une mucoviscidose (RR = 1,6) mais aussi une allocation adulte handicapé (20 %, 4 %). La valeur de ces RR pour les ACS chutait après l’exclusion de ceux avec une allocation adulte handicapé.
Conclusion :
La fréquence des pathologies et hospitalisations des assurés bénéficiant de l’ACS est proche de celle des assurés avec une CMUC, voire parfois supérieure. En accord avec la littérature, ces deux populations ont plus souvent une consommation de soins pour des pathologies chroniques et peuvent faire l’objet d’actions de prévention et de dépistage afin d’améliorer leur état de santé et leur recours aux soins.
Combining the 'medicalized approach' and the 'incremental approach' to a new cost-of illness method: The economic burden of diabetes to the French national health insurance
Christelle
Gastaldi-Menager
Grégoire
de Lagasnerie
Anne Sophie
Aguadé
Pierre
Denis
Christelle
Gastaldi-Menager
Anne
Fagot-Campagna (CNAMTS)
Abstract
A better understanding of the economic burden of diabetes constitutes a major public health challenge in order to design new ways to curb diabetes health care expenditure. The aim of this study was to develop a new cost-of-illness method in order to assess the specific and nonspecific costs of diabetes from a public payer perspective. Using medical and administrative data from the major French national health insurance system covering about 59 million individuals in 2012, we identified people with diabetes and then estimated the economic burden of diabetes. Various methods were used: (a) global cost of patients with diabetes, (b) cost of treatment directly related to diabetes (i.e. 'medicalized approach'), (c) incremental regression-based approach, (d) incremental matched-control approach and (e) a novel combination of the 'medicalized approach' and the 'incremental matched-control' approach. We identified 3 million individuals with diabetes (5% of the population). The total expenditure of this population amounted to €19 billion, representing 15% of total expenditure reimbursed to the entire population €10 billion (52%) of this total expenditure were considered to be attributable to diabetes care: €2.3 billion (23% of €10 billion) were directly attributable and €7.7 billion were attributable to additional reimbursed expenditure indirectly related to diabetes (77%). Inpatient care represented the major part of the expenditure attributable to diabetes care (22%) together with drugs (20%) and medical auxiliaries (15%). Antidiabetic drugs represented an expenditure of about €1.1 billion, accounting for 49% of all diabetes-specific expenditure. This study shows the economic impact of the assumption concerning definition of costs on evaluation of the economic burden of diabetes. The proposed new cost-of-illness method provides specific insight for policy makers to enhance diabetes management and assess the opportunity costs of diabetes complications' management programs.
Tarification à l’activité : quel impact sur les réadmissions à l’hôpital ?
Engin
Yilmaz
Albert
Vuagnat
Abstract
Mise en place en France en 2004, la « tarification à l’activité » (T2A) avait pour but d’inciter les établissements de santé à davantage d’efficience, concept qui associe productivité et qualité des soins. Les études existantes se sont surtout intéressées à la dimension économique. L’effet de la T2A sur la qualité des soins et des prises en charge constitue néanmoins une question majeure pour la politique de santé. Cette qualité est appréhendée ici par le taux de réadmission à trente jours après un séjour chirurgical, une hausse des réadmissions pouvant être le signe d’une dégradation de la qualité des soins. Entre 2002 et 2012, ce taux a globalement augmenté de façon régulière. Cependant, la réforme de la tarification n’a pas eu d’effet significatif pérenne sur cette hausse. En effet, l’accroissement observé de ce taux est d’abord lié à une modification des pratiques, en particulier pour la chirurgie de la cataracte et l’implantation chirurgicale de dispositifs de perfusion. Il s’explique également par la modification structurelle de la population des patients, avec plus de polypathologies liées au vieillissement.
Les grossesses expliquent 37 % des différences d’arrêt maladie indemnisés entre femmes et hommes âgés de 21 à 45 ans
...
Claire
Marbot
Catherine
Pollak
Abstract
Les femmes ont plus recours que les hommes aux arrêts maladie, c’est-à-dire aux arrêts de travail pour raison de santé, hors congés pour cause de maternité ou de paternité, d’accidents du travail ou maladies professionnelles. Elles ont, en moyenne, 4,9 jours d’arrêts maladie indemnisés de plus par an que les hommes, sur le champ des salariés du secteur privé âgés de 21 à 45 ans. La part des arrêts maladie imputables à la grossesse, en dehors des congés maternité ou pathologique, est isolée précisément : ceux-ci expliquent 37 % de l’écart entre femmes et hommes âgés de 21 à 45 ans. Cette part diminue drastiquement avec l’âge : la grossesse n’explique plus qu’un sixième des écarts d’arrêt maladie hommes-femmes au sein des 36-40 ans, alors qu’elle en explique la quasi-totalité pour les plus jeunes âgés de 21 à 25 ans. Les recours plus fréquents aux arrêts maladie des femmes sont aussi corrélés à leur moindre rémunération. La plus faible représentation des femmes dans les emplois les mieux rémunérés explique en effet 5 % de l’écart moyen entre femmes et hommes de 21 à 45 ans.
Publications | Parcours et offre de soins
Care pathways and healthcare use of stroke survivors six months after admission to an acute-care hospital in France in 2012
P. Tuppin
S. Samson
A. Fagot-Campagna
F. Woimant
Abstract
Introduction :
Care pathways and healthcare management are not well described for patients hospitalized for stroke.
Methods :
Among the 51 million beneficiaries of the French national health insurance general scheme (77% of the French population), patients hospitalized for a first stroke in 2012 and still alive six months after discharge were included using data from the national health insurance information system (Sniiram). Patient characteristics were described by discharge destination–home or rehabilitation center (for < 3 months)–and were followed during their first three months back home.
Results :
A total of 61,055 patients had a first admission to a public or private hospital for stroke (mean age; 72 years, 52% female), 13% died during their stay and 37% were admitted to a stroke management unit. Overall, 40,981 patients were still alive at six months: 33% of them were admitted to a rehabilitation center (mean age: 73 years) and 54% were discharged directly to their home (mean age 67 years). For each group, 45 and 62% had been previously admitted to a stroke unit. Patients discharged to rehabilitation centers had more often comorbidities, 39% were highly physically dependent and 44% were managed in specialized neurology centers. For patients with a cerebral infarction who were directly discharged to their home 76% received at least one antihypertensive drug, 96% an antithrombotic drug and 76% a lipid-lowering drug during the following month. For those with a cerebral hemorrhage, these frequencies were respectively 46, 33 and 28%. For those admitted to a rehabilitation center, more than half had at least one visit with a physiotherapist or a nurse, 15% a speech therapist, 10% a neurologist or a cardiologist and 15% a psychiatrist during the following three months back home (average numbers of visits for those with at least one visit: 23 for physiotherapists and 100 for nurses). Patients who returned directly back home had fewer physiotherapist (30%) or nurse (47%) visits but more medical consultations. The 3-month re-hospitalization rate for patients who were discharged directly to their home was 23% for those who had been admitted to a stroke unit and 25% for the others. In rehabilitation centers, this rate was 10% for patients who stayed < 3 months.
Conclusions :
These results illustrate the value of administrative databases to study stroke management, care pathways and ambulatory care. These data should be used to improve care pathways, organization, discharge planning and treatments.
Two-year outcome of patients after a first hospitalization for heart failure: A national observational study
Philippe
Tuppin
Anne
Cuerq
Christine
de Peretti
Anne
Fagot-Campagna
Nicolas
Danchin
Yves
Juillière
François
Alla
Hubert
Allemand
Christophe
Bauters
Milou-Daniel
Drici
Albert
Hagège
Guillaume
Jondeau
Patrick
Jourdain
Alain
Leizorovicz
Fred
Paccaud
Abstract
Aim :
National population-based management and outcome of patients of all ages hospitalized for heart failure have rarely been reported. The present study reports these results, based on 77% of the French population, for patients hospitalized for the first time for heart failure in 2009.
Methods :
The study population comprised French national health insurance general scheme beneficiaries hospitalized in 2009 with a principal diagnosis of heart failure, after exclusion of those hospitalized for heart failure between 2006 and 2008 or with a chronic disease status for heart failure. Data were collected from the national health insurance information system (SNIIRAM).
Results :
A total of 69,958 patients (mean age, 78 years; 48% men) were studied. The hospital mortality rate was 6.4%, with 1-month, 1-year and 2-year survival rates of 89%, 71% and 60%, respectively. Heart failure and all-cause readmission-free rates were 55% and 43% at 1 year and 27% and 17% at 2 years, respectively. Compared with a reference sample of 600,000 subjects, the age- and sex-standardized relative risk of death was 29 (95% confidence interval [CI] 28—29) at 2 years, 82 (95% CI 72—94) in subjects aged < 50 years and 3 (95% CI 3—3) in subjects aged ≥ 90 years. For subjects aged < 70 years who survived 1 month after discharge, factors associated with a reduction in the 2-year mortality rate were: female sex; age < 55 years; absence of co-morbidities; and use of angiotensin-converting enzyme inhibitors or angiotensin receptor blockers, beta-blockers, lipid-lowering agents or oral anticoagulants during the month following discharge. Poor prognostic factors were treatment with a loop diuretic before or after hospitalization and readmission for heart failure within 1 month after discharge.
Conclusions :
This large population-based study confirms the severe prognosis of heart failure and the need to promote the use of effective medications and management designed to improve survival.
Prostate cancer outcomes in France: treatments, adverse effects and two-year mortality
Philippe
Tuppin
Solène
Samson
Anne
Fagot-Campagna
Bertrand
Lukacs
François
Alla
Fred
Paccaud
Jean-Christophe
Thalabard
Eric
Vicaut
Michel
Vidaud
Bertrand
Millat
Abstract
Background :
This very large population-based study investigated outcomes after a diagnosis of prostate cancer (PCa) in terms of mortality rates, treatments and adverse effects.
Methods :
Among the 11 million men aged 40 years and over covered by the general national health insurance scheme, those with newly managed PCa in 2009 were followed for two years based on data from the national health insurance information system (SNIIRAM). Patients were identified using hospitalization diagnoses and specific refunds related to PCa and PCa treatments. Adverse effects of PCa treatments were identified by using hospital diagnoses, specific procedures and drug refunds.
Results :
The age-standardized two-year all-cause mortality rate among the 43,460 men included in the study was 8.4%, twice that of all men aged 40 years and over. Among the 36,734 two-year survivors, 38% had undergone prostatectomy, 36% had been treated by hormone therapy, 29% by radiotherapy, 3% by brachytherapy and 20% were not treated. The frequency of treatment-related adverse effects varied according to age and type of treatment. Among men between 50 and 69 years of age treated by prostatectomy alone, 61% were treated for erectile dysfunction and 24% were treated for urinary disorders. The frequency of treatment for these disorders decreased during the second year compared to the first year (erectile dysfunction: 41% vs 53%, urinary disorders: 9% vs 20%). The frequencies of these treatments among men treated by external beam radiotherapy alone were 7% and 14%, respectively. Among men between 50 and 69 years with treated PCa, 46% received treatments for erectile dysfunction and 22% for urinary disorders. For controls without PCa but treated surgically for benign prostatic hyperplasia, these frequencies were 1.5% and 6.0%, respectively.
Conclusions :
We report high survival rates two years after a diagnosis of PCa, but a high frequency of PCa treatment-related adverse effects. These frequencies remain underestimated, as they are based on treatments for erectile dysfunction and urinary disorders and do not reflect all functional outcomes. These results should help urologists and general practitioners to inform their patients about outcomes at the time of screening and diagnosis, and especially about potential treatment-related adverse effects.
Hospitalisation de court séjour : quels motifs de recours en 2013 ?
...
Marie-Claude
Mouquet
Abstract
En 2013, 11,3 millions de personnes, soit 19 % des femmes et 16 % des hommes, ont été hospitalisées au moins une fois dans les unités de soins de courte durée de médecine, chirurgie, obstétrique et odontologie (MCO). Ces patients ont effectué 16,9 millions de séjours. Les taux d’hospitalisation, tous âges confondus, s’établissent à 270 séjours pour 1 000 femmes et 243 pour 1 000 hommes. En raison de la maternité et parce qu’elles sont plus nombreuses aux âges élevés, les femmes sont plus souvent hospitalisées que les hommes. Les taux d’hospitalisation sont élevés pour les hommes à partir de 45 ans en raison, entre autres, de comportements à risque : consommation excessive d’alcool et de tabac induisant des maladies digestives, des cancers, des accidents, etc. Le plus grand nombre de séjours, pour les femmes comme pour les hommes, concerne, d’une part, la surveillance, les bilans ou la prévention et, d’autre part, les maladies digestives. Les maladies respiratoires prédominent chez les moins de 15 ans ; pour les 65 ans ou plus, ce sont principalement les maladies de l’appareil circulatoire. Le recours le plus important à l’hôpital concerne les âges extrêmes (nourrissons et personnes âgées).
Relation entre hospitalisation en MCO pour tentative de suicide et suicide
DREES
Abstract
Une première approche pour l’étude de la relation entre tentative de suicide et suicide peut être la mise en correspondance du nombre de suicides avec celui des tentatives de suicide ayant donné lieu à une hospitalisation dans un établissement pratiquant les activités de médecine, chirurgie et obstétrique (MCO ; graphique 1 et encadré 1). Le nombre de suicides (62 053) rapporté à celui des tentatives hospitalisées (638 189) est globalement de 9,7 % sur la période 2007-2012 ; il est cinq fois moindre chez les femmes que chez les hommes. Il augmente continuellement avec l’âge (décuplement à la décade médiane 45-54 ans, quintuplement ensuite) suggérant un non-parallélisme entre suicides et hospitalisations pour tentative de suicide. Le ratio tend à décroître au fil des années, en particulier pour les personnes de 65 ans et plus pour lesquelles le nombre d’hospitalisations a augmenté sur la période 2007 à 2012. Pour les personnes âgées de 15 à 44 ans, les nombres de suicides et d’hospitalisations diminuent et le ratio reste stable.
Publications | Epidémiologie et vigilance
Étude ‘en vie réelle’ du bénéfice/risque à court terme des nouveaux anticoagulants oraux (dabigatran, rivaroxaban) chez les patients débutant un traitement et non précédemment traités par des antivitamines K.
Département des Études en Santé Publique, en collaboration avec le Pole Epidémiologie des Produits de Santé
Résumé
Rationnel :
La balance bénéfice/risque ‘en vie réelle’ des nouveaux anticoagulants oraux (NACO), dabigatran et rivaroxaban, est encore mal connue. En particulier, les questions d’un sur-risque hémorragique versus antivitamines K (AVK) et d’infarctus du myocarde (IDM), dans le cas du dabigatran, font l’objet d’une surveillance renforcée.
Objectifs :
L’objectif principal de cette étude était de comparer le risque d’hémorragie majeure entre les nouveaux utilisateurs de NACO et les nouveaux utilisateurs d’AVK, tous deux naïfs d’anticoagulant oral (AVK et NACO), dans les 90 premiers jours de traitement, et quelle que soit l’indication visée (fibrillation auriculaire non valvulaire, FA ou après thrombose veineuse profonde, TVP). Les objectifs secondaires étaient l’évaluation de l’efficacité des NACO versus AVK en comparant le risque d’évènements artériels thrombotiques, accident vasculaire cérébral (AVC) ischémique ou embolies systémiques (ES) et IDM, chez les patients traités ans le cadre d’une FA.
Méthodes :
A partir des données des bases médico-administratives françaises (SNIIRAM, régime général stricto sensu - PMSI MCO), la cohorte des patients naïfs d’AVK débutant un traitement par NACO en période de montée en charge de ces nouveaux médicaments en France (deuxième semestre 2012) a été comparée aux patients débutant un traitement par AVK au deuxième semestre 2011. L’analyse a été menée en intention de traiter pour chacun des deux NACO séparément versus AVK et les Hazard Ratios ont été calculés à l’aide d’un modèle de Cox. L’ajustement a porté sur les facteurs sociodémographiques, la nature du primo-prescripteur, l’indication supposée des traitements, les comorbidités et comédications à l’initiation.
Résultats :
Après exclusion des patients présentant une contre-indication ou non-indication au traitement anticoagulant, 12 403, 10 436 et 48 750 patients ont été respectivement inclus dans les cohortes dabigatran, rivaroxaban et AVK. Cette étude: (1) montre une prescription préférentielle des dosages de NACO, faibles ou fort, en fonction des caractéristiques des patients et en particulier de leur risque hémorragique de base ; les patients débutant un traitement par faibles dosages de NACO (dabigatran 75/110mg notamment et rivaroxaban 10/15mg) étant plus âgés et globalement plus à risque (hémorragique ou thrombotique artériel) que ceux débutant un AVK ou des forts dosages (dabigatran 150mg et rivaroxaban 20mg) ; (2) ne retrouve pas, dans une analyse en intention de traiter, d’excès de risque hémorragique quelle que soit l’indication considérée ou d’excès de risque thrombotique artériel (AVC ischémique, ES ou IDM) dans l’indication de traitement chronique de la FA, chez les patients initiant un NACO, dabigatran ou rivaroxaban, versus AVK dans les 90 premiers jours de traitement. Conclusions. Les résultats de cette étude observationnelle à partir des bases de données médicoadministratives française sont rassurants quant au bénéfice/risque des NACO à court terme et cohérents avec les résultats des autres études observationnelles publiées à ce jour. Ils ne montrent pas d’excès de risques hémorragique ou thrombotique artériel chez les patients débutant un traitement par NACO (dabigatran et rivaroxaban) versus AVK dans les 90 premiers jours de traitement, et ce dans le contexte français de montée en charge de ces médicaments. En termes de risques, ces résultats ne permettent toutefois pas de conclure s’agissant de l’usage prolongé de ces traitements. Une étude avec un suivi plus long prenant en compte l’observance des traitements est nécessaire pour préciser la balance bénéfice/risque des NACO ‘en vie réelle’
Exposition à l’acide valproïque et ses dérivés au cours de la grossesse en France de 2007 à 2014
Fanny
Raguideau
Carole
Ehrhardt
Rosemary
Dray-Spira
Mahmoud
Zureik
Pierre-Olivier
Blotiere
Alain
Weill
Joël
Coste
Résumé
Introduction :
L’acide valproïque, commercialisé en France depuis 1967, est un traitement majeur de l’épilepsie. Il a ensuite été proposé, sous forme de valproate de sodium et de valpromide, comme traitement de seconde intention du trouble bipolaire. Les effets tératogènes de l’acide valproïque sont connus depuis le début des années 1980, notamment les anomalies de fermeture du tube neural (spina bifida). Plus récemment, dans les années 2000, un risque augmenté de retards du développement et de troubles du spectre de l’autisme a été mis en évidence parmi les enfants exposés à l’acide valproïque in utero. Ces nouvelles connaissances sur les effets de l’exposition in utero à l’acide valproïque ont conduit l’Agence européenne du médicament (EMA) à un processus de réévaluation du rapport bénéfice-risque, et des mesures de réduction des risques ont été actées par l’EMA fin 2014. L’EMA a néanmoins confirmé la nécessité de maintenir ces médicaments à disposition pour les femmes enceintes ou en âge de procréer, mais uniquement en cas d’intolérance ou d’échec aux autres traitements disponibles. En France, les conditions de prescription et de délivrance de l’acide valproïque dans cette population ont été renforcées à partir de mai 2015, imposant une primoprescription annuelle par un médecin spécialiste (neurologue, psychiatre ou pédiatre) et conditionnant la délivrance en pharmacie à la présentation d’un formulaire d’accord de soins cosigné par le médecin prescripteur et la patiente. Ce renforcement s’est accompagné d’une information auprès des prescripteurs et des patientes et de l’apposition d’une mise en garde sur le conditionnement extérieur des spécialités à base d’acide valproïque. Dans ce contexte un programme d’études pharmacoépidémiologiques a été initié en 2015 conjointement par l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM) et la Caisse Nationale de l’Assurance Maladie des Travailleurs Salariés (CNAMTS) afin d’évaluer, à partir des données du système national inter-régimes de l’assurance maladie (SNIIRAM), la situation sanitaire engendrée par l’exposition de femmes enceintes à l’acide valproïque en France. Le premier volet de ce programme a pour objectif principal d’estimer la fréquence de l’exposition à l’acide valproïque et ses dérivés parmi les femmes enceintes et son évolution durant la période 2007 à 2014, de façon globale et séparément selon le contexte pathologique de prescription (selon l’indication de l’AMM : épilepsie ou trouble bipolaire). Il s’agit également de décrire sur cette période les caractéristiques des femmes exposées pendant la grossesse et de leurs prescripteurs, les issues de ces grossesses exposées ainsi que les modalités de prescription de l’acide valproïque (durée, dose) pendant la grossesse. Enfin, l’exposition à l’acide valproïque chez les femmes en âge de procréer, indépendamment de la grossesse, est décrite jusqu’à la fin du premier trimestre 2016. Un second volet portera sur les conséquences sanitaires chez les enfants exposés in utero durant la période 2011-2015.
Vaccins anti-HPV et risque de maladies auto-immunes : étude pharmaco-épidémiologique
Mahmoud
Zureik
Rosemary
Dray-Spira
Sara
Miranda
Cédric
Collin
Alain
Weill
Christophe
Chaignot
Résumé
Introduction :
Deux vaccins contre les infections dues à certains papillomavirus (HPV) à haut risque oncogène sont commercialisés en France : Gardasil®, vaccin quadrivalent (HPV de types 6, 11, 16 et 18) depuis novembre 2006 et Cervarix®, vaccin bivalent (HPV de types 16 et 18) depuis mars 2008. Lors de leur commercialisation, ils étaient indiqués en prévention des lésions génitales précancéreuses (du col de l’utérus, de la vulve et du vagin), du cancer du col de l’utérus et, pour Gardasil®, des verrues génitales (condylomes acuminés) dues à certaines infections à papillomavirus humains. La vaccination anti-HPV est remboursée depuis juillet 2007. Dans le cadre des missions de surveillance du médicament et des produits de santé, l’ANSM a réalisé conjointement avec la CNAMTS une étude pharmacoépidémiologique sur la sécurité d’utilisation de la vaccination anti-HPV à partir de l’analyse des bases de données médico-administratives françaises. Cette étude constitue l’un des éléments du dispositif de surveillance nationale et internationale de ces vaccins, en complément du plan de gestion des risques et du suivi national de pharmacovigilance. Son objectif spécifique était de rechercher l’existence d’une éventuelle association entre la vaccination anti-HPV et la survenue d’une maladie auto-immune (MAI) dans une très grande cohorte de jeunes filles affiliées au régime général de l’assurance maladie.
Conclusion :
Dans cette très grande cohorte de jeunes filles affiliées au régime général de l’assurance maladie, âgées de 13 à 16 ans, suivies de 2008 à 2013, il n’a pas été mis en évidence d’augmentation globale du risque de survenue d’une MAI chez celles ayant été remboursées d’au moins une dose de vaccin anti-HPV comparativement aux non vaccinées. Ce résultat global est en accord avec les données actuelles de la littérature concernant l’association entre la vaccination anti-HPV et le risque de MAIs. Pour 2 des 14 événements étudiés, les MICI et le SGB, une association significative avec la vaccination anti-HPV a été mise en évidence. Cette association était particulièrement marquée pour le SGB. La présente étude est la première étude pharmaco-épidémiologique suggérant une association entre la vaccination anti-HPV et ces deux MAIs ; ces résultats restent donc à confirmer. En ce qui concerne les MICI, il est probable que la faible association observée soit expliquée par un biais de causalité inverse, par le hasard ou par des facteurs confondants résiduels non pris en compte dans les analyses. De plus, la littérature ne suggère pas que la vaccination (de manière générale) soit un facteur de risque de ces pathologies. Ce résultat nécessite d'être investigué par d'autres études. Le résultat concernant l’augmentation du risque de SGB après vaccination anti-HPV paraît robuste au regard des résultats des analyses de sensibilité et en sous-groupes. Si des études ont rapporté une association entre la survenue de ce syndrome et différentes vaccinations, nombre d’autres ne montrent aucune augmentation du risque de SGB chez les personnes vaccinées. Bien que l’augmentation de risque rapportée dans notre étude soit marquée en termes relatifs, nos résultats suggèrent que le nombre absolu de cas qui pourraient être imputables au vaccin anti-HPV est très faible du fait de la rareté du SGB. Ainsi, en faisant l’hypothèse (non établie) que l’association mise en évidence est bien de nature causale, le nombre de cas de SGB attribuables à la vaccination serait de l’ordre de 1 à 2 cas pour 100 000 jeunes filles vaccinées.
Association entre taux de chômage et suicide par sexe et classe d’âge en France métropolitaine, 2000-2010
Moussa
Laanani
Walid
Ghosn
Éric
Jougla
Grégoire
Rey
Résumé
Introduction :
L’augmentation du taux de chômage qui a accompagné la crise économique de 2008 est associée en France à une augmentation du taux de suicide. L’objectif de cette étude était d’estimer l’association écologique par sexe et âge entre les taux de suicide et de chômage en France métropolitaine entre 2000 et 2010.
Méthodes :
Les analyses statistiques ont fait appel à un modèle quasi-Poisson. La variable à expliquer était le taux de suicide ; la variable explicative était le taux de chômage. Ce modèle ajustait sur l’âge, le sexe, la région de domicile, le trimestre de décès et une tendance temporelle linéaire. Les classes d’âge 15-24 ans, 25-49 ans, 50-64 ans et ≥65 ans ont été étudiées.
Résultats :
Pour une augmentation de 10% du taux de chômage, le taux de suicide tous sexes confondus a augmenté significativement de 1,5% (IC 95%: [0,7-2,3%]). Cette association reste significative uniquement chez les hommes (augmentation de 1,8% [0,9-2,7]), en particulier les hommes de 25-49 ans (augmentation de 2,6% [1,3-3,9%]).
Conclusion :
L’association observée en France entre taux de suicide et de chômage concerne particulièrement les hommes en âge de travailler. Les démarches de prévention du suicide mises en oeuvre à destination de la population active doivent cibler les hommes jeunes en priorité.
Les risques de décès un an après un accident vasculaire cérébral
Christine
de Peretti
Résumé
En 2008 et 2009, près de 200 000 personnes ont été hospitalisées pour un accident vasculaire cérébral (AVC) en France, dont 125 500 adultes relevant du régime général de l’Assurance maladie. Parmi eux, 29 % étaient âgés de 18 à 64 ans, la moitié avait entre 65 et 84 ans et 21 % au moins 85 ans. 62 % des patients ont fait un infarctus cérébral, 26 % un AVC hémorragique et dans 12 % des cas, le type de l’AVC n’était pas précisé. Les AVC sont une cause importante de décès et d’incapacités. La part des patients décédés s’élevait à 14,5 % lors de l’hospitalisation initiale, à 16 % dans le mois qui a suivi l’AVC et à 28 % dans l’année. La létalité des hémorragies cérébrales est importante, avec un taux standardisé de mortalité à un mois presque cinq fois plus élevé que celui des infarctus cérébraux, et presque trois fois plus à un an. Pour tous les types d’AVC, les pathologies chroniques augmentent de façon notable la mortalité à un an, et leur poids comme cause initiale de décès augmente au fil du temps. L’analyse multivariée montre une meilleure survie pour les patients ayant bénéficié d’un passage en lit de soins intensifs.
Quel risque de décès un an après une fracture du col du fémur ?
Philippe
Oberlin
Marie-Claude
Mouquet
Résumé
En 2008-2009, près de 95 000 patients de plus de 54 ans, assurés au régime général de l’Assurance maladie, dont trois quarts de femmes, ont été hospitalisés pour une fracture du col du fémur. Une femme sur cinq et un homme sur trois sont morts dans l’année qui a suivi. Le décès est corrélé avec l’âge pour les deux sexes, mais la surmortalité par rapport à la population du même âge est plus élevée chez les hommes que chez les femmes. Les types de fractures, les catégories d’établissements et les types de traitements influent peu sur la mortalité, sauf lorsque les patients ne peuvent pas être opérés. En revanche, l’état de santé du patient au moment de la fracture est déterminant. En analyse multivariée, le risque de décès à un an augmente dès qu’il existe une pathologie chronique significative et croît jusqu’à 4,6 fois chez les patients les plus graves.